1 août 2013

Michael Mention, "Sale temps pour le pays"

Cela faisait un moment déjà que j'avais envie de lire un roman de Michael Mention. J'ai commencé par Sale temps pour le pays : le sujet, le contexte, l'approche, tout y est intriguant et séduisant. L'affaire de l'éventreur du Yorkshire, qui a sévi au nord de l'Angleterre dans les années 70, a provoqué dans le pays une véritable psychose. Le contexte socio-politique des événements, avec l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher et la débandade économique, l'environnement culturel, avec le punk qui surgit telle une boule de bowling, semant la panique tout autour de lui : tout est réuni pour un récit noir et ambitieux.
L'action de Sale temps pour le pays se déroule donc entre 1976 et 1981, année de l'arrestation de l'éventreur. Les protagonistes : l'inspecteur George Knox, l'inspecteur Burstyn, le superintendant Caine, le superintendant Bellamy, une Ford Corsair rouge, la ville de Leeds et celle de Bradford, qui a particulièrement souffert de la désindustrialisation et du chômage. Et les victimes bien sûr, des femmes, presque toutes prostituées pro ou occasionnelles, assassinées dans des conditions horribles. George Knox est marié à Kathryn, qui souffre d'un cancer. La montée en puissance de l'assassin va s'opérer en parallèle avec l'aggravation de la maladie de Kathryn, infligeant au malheureux Knox une double peine et le conduisant à une déprime profonde et obsessionnelle. D'autant que les forces de police, unies en apparence, se tirent allègrement dans les pattes, ce qui ne facilite pas la tâche des enquêteurs.
Sale temps pour le pays, comme son titre l'indique, n'est pas centré sur la recherche du coupable. Nous connaissons tous depuis longtemps son identité. En revanche, le déroulement de l'enquête et son contexte sont au cœur du livre, les relations entre les policiers, leur désespoir, leur sentiment d'impuissance face à ces crimes qui se multiplient. Et aussi la sensation d'étouffement qui pèse sur les femmes de la région, soumises à un véritable couvre-feu. Sans oublier la passion de Mention pour la musique des 70s, qui s'exprime largement tout au long du livre. La construction du roman est particulièrement soignée, avec des contrepoints, des flash backs, des accélérations. L'auteur se permet même de reprendre un chapitre du début pour le réintégrer au milieu du livre, permettant ainsi de poser les choses, de respirer avant de repartir de plus belle.

Je peux bien vous l'avouer : j'ai regretté d'avoir lu ce roman après la tétralogie de David Peace. Car même si l'approche du sujet est différente, moins noire, moins violente, plus distanciée, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à ces purs chefs-d’œuvre et au choc que leur lecture a provoqué. La "statue du commandeur" était là, par-dessus mon épaule, et je n'ai pas pu l'oublier... En revanche, il est certain que je n'en ai pas terminé avec Michael Mention!

Michael Mention, Sale temps pour le pays, Rivages / Noir

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