13 avril 2013

François Médéline - La politique du tumulte : on se calme et on lit...

Ce livre est un paradoxe. Son titre est parfait, même s'il est, forcément, incomplet. De la politique, de la violence, de la perversité, du tumulte à tous les étages : voilà une prose qui roule comme un torrent sur le lit de la rivière, qui rebondit, qui gronde, qui rugit. Et voilà mon conseil : ne lisez pas ce livre comme ça, par-dessus la jambe, deux pages par-ci, trois pages par-là, sous peine de ne plus rien y comprendre. Car il est comme ça, François Médéline. L'histoire linéaire, l'intrigue à suspense, très peu pour lui. Dans La politique du tumulte, il nous raconte à sa façon - spasmodique, enfiévrée - au moins quatre histoires, sans s'embarrasser de savoir si on le suit. Il ne jette pas un œil derrière lui, on suit ou on ne suit pas. Maintenant, toute la question est de savoir si ça vaut la peine de le suivre. Parce que bon, n'est pas Ellroy qui veut !



François Médéline
Verdict, deux jours après avoir terminé le livre (il faut bien ça pour le digérer) : oui, cent fois oui. A la condition expresse de le lire, comme je vous le conseille fermement, pratiquement en continu. De la politique. Nous sommes à Lyon, et l'étau se resserre autour d'un fils de notable impliqué dans un scandale sexuel qui menace de faire sauter la banque. De la politique encore avec les magouilles de l'entourage de M. Balladur pendant la campagne de 93. Médéline mêle joyeusement identités réelles et déguisées, faits réels ou supposés, réalité et fiction, années 70 et années 90. A nous de nous débrouiller avec nos souvenirs ou la presse de l'époque...
Du fait divers avec l'assassinat d'une petite fille en 1973, et la condamnation à mort du présumé coupable. Du fait divers mêlé de politique avec l'accident de voiture qui a coûté la vie à Sylvia, la mère de Léa, une des protagonistes principales du roman. Qui était vraiment Sylvia, cet accident en était-il vraiment un ? Pourquoi s'est-on débarrassé d'elle ? Léa se lance à la recherche de la vérité en compagnie de Manu, proxénète lyonnais rencontré au moment où elle s'échappait de la maison cossue du parrain lyonnais, supposé lui livrer des informations sur sa mère. Fuite, cavale plutôt, qui mènera Léa et Manu jusqu'en Corse, puis du côté de la Lozère où Léa compte bien retrouver un prêtre qui en sait beaucoup sur ce qui la préoccupe. Et pendant ce temps-là, Secondi le solitaire, des services secrets, fait le ménage... à sa façon.

François Médéline écrit. Et on a l'impression de lire par-dessus son épaule au moment où il aligne ses mots, où il les choisit, où il utilise des images sonores et visuelles qui font efficacement appel non seulement à notre intellect, mais aussi à nos sens. Vers la fin du roman, le tumulte est à son comble, et l'écriture de l'auteur suit le mouvement avec une écriture hachée, des séquences ultra-courtes, des images et des "gimmicks" obsédants, essoufflés. (vous avez remarqué, je n'ai pas écrit "haletants"!). Alors oui, ce livre, on l'aime ou on le déteste. J'ai choisi mon camp.

Lire l'interview de François Médéline

François Médéline, La politique du tumulte, La Manufacture de Livres

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