22 novembre 2012

Quand la série noire révèle George Pelecanos, avec "Le chien qui vendait des chaussures"

En ce moment, je me fais une cure de The Wire (Sur écoute), série culte qui raconte par le menu la véritable guerre qui oppose flics et trafiquants à Baltimore. George Pelecanos a été producteur et scénariste d'une partie des épisodes de cette série créée par David Simon, et j'ai eu envie d'un petit retour aux sources, avec le premier Pelecanos paru en France dans la Série noire, Le chien qui vendait des chaussures. Il faut dire que ce roman a toute sa place dans la mythique collection, car il s'agit d'un polar classique dans sa construction et son sujet : un double hold-up sanglant aux conséquences dramatiques, qui fait un peu penser à L'Ultime Razzia de Kubrick.

Mais ce roman n'est pas que cela. Il n'y est guère question de chien, et si peu de chaussures... C'est aussi l'histoire d'un déraciné, d'un homme, Constantin, qui a tant vécu au cours de son périple autour du monde, de ses quatre ans passés chez les Marines, puis de sa longue dérive de Louisiane en Californie, puis en  Nouvelle Zélande, Thaïlande, France, Pays-Bas, et enfin en Grèce avant un retour au bercail couronné par un petit boulot à Annapolis... De cette période, Constantin ne retiendra pas grand-chose, en-dehors de sa découverte de ce qu'il appelle la Pulsation, cette sensation à mi-chemin entre la peur et l'excitation sexuelle qui le submerge dans certaines situations de danger et de violence... C'est à ce moment que nous rejoignons Constantin. Il fait du stop pour regagner le sud. C'est le vieux Polk qui va récolter le gros lot, en accueillant dans sa voiture un passager aux longs cheveux noirs, Constantin, gentil, séduisant, pas contrariant, qui l'accompagne sans broncher à une visite chez un certain Grimes, qui lui doit de l'argent... Et bien sûr, ça se passe à Washington, la ville de Pelecanos, celle à laquelle il consacrera de nombreux romans par la suite. Celle où Constantin a vécu sa jeunesse. La boucle est presque bouclée. Avant qu'elle le soit définitivement, il faudra un ratage monumental, une trahison minable, une relation purement érotique avec une femme malheureuse et dangereuse malgré elle, et une explosion de violence. Qui permettra à Constantin, enfin, d'assouvir la dernière curiosité qui lui reste : à quoi ça ressemble, la mort?
Plus tard, George Pelecanos nous offrira de nombreux romans où il dissèquera la vie des communautés à Washington, et notamment sa série du "DC quartet", qui lui a valu un statut d'auteur culte. Boulimique de travail, Pelecanos a également travaillé pour la télévision et le cinéma, mais aussi dans le domaine de la musique. Dès ce premier roman traduit en français d'ailleurs, il émaille son intrigue de citations musicales. Il a même été parmi les premiers à accompagner un de ses romans d'un CD permettant au lecteur de savourer la BO du livre...
Quand on aura dit que Ian Rankin, notre auteur bien-aimé, considère Pelecanos comme un des écrivains dont il se sent le plus proche, on aura compris que nous reviendrons, inévitablement, sur son œuvre !
George Pelecanos, Le chien qui vendait des chaussures, traduit de l'américain par Laetitia Devaux, Folio Policier

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