13 octobre 2012

Marin Ledun, Dans le ventre des mères : avis mitigé, mais à regrets...

Je suis en colère. Comme beaucoup d'entre vous, j'aime beaucoup Marin Ledun. C'est dire si j'avais hâte de lire son dernier roman, Dans le ventre des mères. Je viens de le terminer, et je ne suis pas convaincue. Dans le ventre des mères s'inscrit dans la lignée de Marketing viral, dont il est en quelque sorte une suite (même si vous n'êtes pas du tout obligé d'avoir lu le premier pour lire le second). Il se situe donc dans la veine des thrillers de science/politique/fiction, style où Marketing viral tient une place bien particulière. On retrouve dans Dans le ventre des mères les personnages du scientifique, Nathan, et de la femme victime/cobaye, Laure. Mais Marin Ledun a décidé de changer de perspective, car cette fois, c'est le flic chargé de l'enquête qui prend la parole, et non plus le scientifique. Ce qui change tout...
Au début du roman, Laure, la femme machine sur laquelle son père Peter Dahan, fou de pouvoir, a tenté toutes les expériences, de la puce à ADN au virus en passant par l'inceste, est à la fois en fuite et en chasse. Elle fuit ses tortionnaires et leur clique malfaisante, elle part à la recherche de sa fille, qu'elle n'a jamais vue et qu'on lui a arrachée à sa naissance. Pendant ce temps-là, quelque part en Ardèche, une catastrophe incompréhensible a raison d'un village tout entier, ravagé par les flammes, débarrassé de toute vie humaine, jonché de 90 cadavres marqués de blessures atroces dont un phénomène naturel ne saurait être tenu pour seul responsable, et qui évoquent des mutations biologiques. C'est là qu'entre en scène le commandant Vincent Augey, qui a bien du mal à se remettre d'une enquête qui n'a pas abouti sur un meurtre inexpliqué : celui du haut fonctionnaire lyonnais, Denis Héritier. Augey ne va pas bien : entre son échec et son problème de couple avec sa femme Elisabeth, qui n'arrive pas à reprendre pied depuis qu'on lui a annoncé qu'elle ne pourrait pas avoir d'enfant, a-t-il vraiment besoin de cette nouvelle enquête, qui s'annonce exceptionnelle, mais aussi particulièrement violente? Car Augey va se trouver confronté non seulement à des industriels sans scrupules, à des scientifiques dont l'ambition confine à la folie, mais en plus aux chausse-trappes que vont lui tendre les autorités, dont on soupçonne qu'en haut lieu, on leur a demandé... une certaine discrétion.

Alors quoi ? Une bonne histoire, un contexte passionnant, qui fait la part belle aux blessures faites aux femmes, ce qui n'est pas si fréquent... Tous les éléments sont là pour faire un roman formidable, comme sait les écrire Marin Ledun. En fait, le début du roman m'a embarquée, à tel point qu'il m'a évoqué les premiers romans de Maurice G. Dantec, remarquables réussites dans l'équilibre entre l'intrigue délirante, le suspense hypertendu et le propos quasiment moraliste. Mais une fois les premiers chapitres passés, je ne suis pas parvenue à m'attacher à tous ces personnages en fuite, en cavale, en danger. Et puis j'ai eu l'impression que Ledun a voulu s'affranchir de certaines critiques qui lui ont été adressées après Marketing viral : trop d'attention portée aux aspects scientifiques, pas assez à l'action. Du coup, il a fait exactement l'inverse, grâce notamment au changement de point de vue que j'ai évoqué au début. Et effectivement, le livre est un remarquable concentré de mouvements, d'action rapide, de situations risquées, gagnant en efficacité ce qu'il perd malheureusement en profondeur.

Marin Ledun, Dans le ventre des mères, Ombres noires

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