17 juillet 2011

Portes ouvertes sur Ian Rankin... Enfin !

Depuis Exit Music, le dernier épisode de la saga John Rebus paru en français en 2010, ses fans désespéraient de lire le roman suivant de leur auteur préféré, l'inimitable Ian rankin. Ils pourront respirer en septembre, puisque les éditions du Masque publieront Portes ouvertes.

Moment difficile pour un auteur quand il faut mettre fin à une série mondialement célèbre et "tuer" un personnage devenu un véritable mythe dans l'univers en expansion perpétuelle des amateurs de polars. Il fallait pourtant bien se jeter à l'eau... C'est ce qu'a fait Ian Rankin avec ce roman qu'on ne peut pas s'empêcher de percevoir comme une œuvre de transition mais aussi de renouveau. En effet, on change d'univers avec Portes ouvertes. Rebus nous avait entraînés à sa suite dans les quartiers les plus glauques et les intrigues les plus sombres d'Edimbourg. Avec Portes ouvertes, on reste à Edimbourg certes, mais d'une part on n'est plus du côté des "bons" - la police et plus particulièrement John Rebus -, mais avec les méchants en puissance. Et cela passe dans les milieux du marché de l'art, où en principe on se tient bien... Changement radical donc : en démarrant la lecture, les choses sont claires. Avec Exit Music, Rankin avait offert à son personnage un superbe baroud d'honneur. Le roman était un véritable concentré de tout ce qui a fait de Rebus ce qu'il est : un personnage sombre, ambigu, solitaire, grand amateur de rock, de bière et de whisky, rebelle et pratiquement invivable. Dans Portes ouvertes, on a la sensation que Rankin a voulu s'éloigner délibérément de ce héros qui était sans doute son "moi" sombre pour laisser davantage de place à son autre facette : celle d'un narrateur hors pair. Les trois hommes qui servent de héros à cette aventure pas banale sont des personnages comme on a peu l'habitude d'en voir chez Rankin : un conseiller financier las de sa vie professionnelle, un créateur de start up plein aux as, mais qui s'ennuie un peu, et un professeur spécialiste en histoire de l'art. Ces trois-là, chacun pour une motivation différente, vont décider de faire le grand saut et d'échafauder un "coup fumant" : débarrasser les entrepôts pleins à craquer de la National Gallery d'Edimbourg de leur excédent... "Aider ces malheureux tableaux emprisonnés à s'évader." Parler, mitonner des plans imparables, c'est une chose. Passer à l'acte, c'en est une autre. Le trio a besoin de main d’œuvre "professionnelle"... Et bien sûr, c'est là que ça se gâte, c'est le moins qu'on puisse dire.

On retrouve avec Portes ouvertes un Ian Rankin lumineux, un virtuose de l'énigme bien ficelée, une écriture libre, facétieuse, beaucoup d'allusions, y compris à l'inspecteur Rebus, que le flic en charge de l'affaire, Ransome, évoque en une pirouette. De l'humour, de l'énergie, du mouvement et de l'action, en particulier à la fin où les événements se précipitent sérieusement... Evidemment, les amoureux de Rebus ne pourront pas s'empêcher de se sentir un peu orphelins, surtout face à Ransome, un flic avec qui on n'a pas vraiment envie de boire une bière à l'Oxford Bar. Mais les fans de Rankin ne pourront que se réjouir que leur auteur préféré ait su rebondir aussi brillamment. Et ça n'est que le début...


Dans cette interview, Ian Rankin explique qu'au départ, Portes ouvertes a été publié par épisodes dans le New York Times, qui avait démarré une série de feuilletons écrits par des maîtres comme Connelly ou Cornwell. Il s'explique aussi sur son titre : les trois comparses décident de profiter de la journée portes ouvertes annuelle des réserves des musées d'Edimbourg, seule journée au cours de laquelle le public a accès à toutes les collections qui y sont conservées, pour commettre leur forfait. Il avoue également que le personnage de Mike, le responsable de startup devenu riche plus ou moins par hasard, est un peu son porte-parole. Tout comme Mike, Ian Rankin s'intéresse à l'art et fréquente volontiers les ventes aux enchères.

Portes ouvertes, de Ian Rankin - éditions du Masque - Traduit de l’anglais (Ecosse) par Stéphane Carn.

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