24 avril 2011

Christian Rauth - Fin de série

Vous en avez assez des psychopathes, des tueurs en série, des cadavres sanguinolents, des tortures barbares ? Eh bien je vous présente un nouveau genre : le polar goguenard. Christian Rauth, vous ne connaissez pas ? Si, vous connaissez forcément. Si vous aimez les polars, vous avez un jour ou l'autre regardé au moins un épisode de notre Navarro national. Et vous y avez vu la bande de mulets qui entouraient le patriarcal Roger Hanin. Christian Rauth, c'était le mulet macho, dragueur, à l'humour douteux, le gaffeur. Donc Christian Rauth n'est pas seulement comédien, il est aussi auteur de polars, auteur dramatique, scénariste et nouvelliste.
Fin de série est son deuxième roman, et il est parfait pour mettre au fond de la valise avant de partir en vacances. Voilà de quoi il retourne : Rob Marin est comédien, il joue un rôle de flic, Garcia, dans une série populaire, Monti (je sais, ça vous rappelle quelque chose). Il tourne un épisode de la série dans les studios de la Capelette à Marseille, et ça défourraille sec dans la scène qui est sur le point d'être mise en boîte. Le méchant, incarné par Lucas, un ami de Garcia, affronte le flic Monti, lui tire dessus et retourne le flingue contre son crâne avant de tirer sa dernière balle. Manque de chance, les balles sont bien réelles, et l'équipe se retrouve avec deux cadavres sur les bras, la star Ordo, qui incarne Monti, et l'acteur Lucas Kalou.
L'enquête est vite emballée par une équipe de flics peu regardants : c'est Lucas le coupable, il a flingué la star car il la détestait, et il s'est suicidé. C'est un peu rapide pour Rob Marin, qui pleure son ami et jure de faire toute la lumière sur cette sombre affaire. C'est à cela qu'il va s'atteler pendant les 350 pages du livre, en compagnie d'un flic sympa que quelques entorses à la loi n'effraient pas, un dénommé Gabriel.
Rauth a le style goguenard (voir le début de la chronique), et les mauvaises vannes ne lui font pas peur. Les deux hommes s'embarquent dans un périple qui va les conduire de Marseille à Paris et retour, avec quelques détours du côté des Vosges et des Pays-Bas. AU fil de leur road movie, ils vont s'acoquiner avec des personnages hauts en couleur, "du gros gibier et de la petite flicaille", se travestir en gangsters, casser de la Mercedes, faire des excès de vitesse, manger des kebabs, tomber amoureux... Et, au passage, découvrir la vérité. Les descriptions sont truculentes, les situations cocasses, les dialogues souvent savoureux. Un passage pour voir ? Voilà : "Rob écrasa encore le champignon, excité comme un gosse. L'aiguille du compteur bascula dans la boîte à gants." Côté sérieux, Rauth se permet un flash-back du côté des horreurs de la Shoah, et ose saupoudrer un soupçon de Mossad sur son intrigue pour lui donner du goût. Le contraste avec le reste du livre est ...surprenant.
Un polar qui se lit le sourire aux lèvres, ça n'est pas si fréquent. Pour un peu, on y prendrait goût !

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